J’AI BRISE LA GLACE !
Par Christine TAIEB
Ai-je abusé du #défi sur les RS, pour que l’algorithme FB me suggère un Stage « IMMERSION LES GIVRES » ? L’accroche me dit « Vous êtes capable de bien plus que vous ne le pensez ». Séduisant pour mon esprit curieux !
Défis 2023-24 : si j’ai déjà adopté la chaleur désertique depuis près de 40 ans, il me reste deux domaines « impossibles » à gérer : la peur du vide et le froid.
Côté vertige, des grimpettes dans les canyons Omanais et le Haut-Atlas m’ont préparée à l’ascension du Kilimandjaro en Aout 2023. J’ai maitrisé ses 5.895 m de dénivelé, pas toujours avec élégance, mais d’une foulée assez efficace pour me conduire au sommet, en conjuguant effort et maîtrise du vide.
Janvier 2024 : reste l’exposition au froid. Celui qui me fait grelotter dès les premiers frimas, et souffrir du syndrome de Raynaud ! La neige, même en boules, et les points G comme glace, gel, givre, gelée …sont des horreurs qui me glacent.
C’est sans le « conseil de la bonne copine », que le coach– Alexandre COURTES – propose sur FB un entretien préalable. Quel risque ?
Va pour la conf’call : Alex est calme. Il m’écoute et expose les objectifs. Il me conseille et explique le concept. Il guide, avertit et m’inspire vraiment. Je ne suis ni épileptique, ni enceinte. L’entretien est chaleureux … le comble ! Mon parcours et mon grain de folie lui semblent adaptés à l’expérience. Mon médecin valide aussi.
Rapide décision de rejoindre le stage. Les recommandations d’Alex d’ici le départ : douche froide quotidienne et participation à ses séances de respiration en Visio, selon la méthode Wim Hof. Rien n’est imposé. Mon principe et aussi mon (ré)confort est d’être « une bonne élève » lors de mes préparations à tout défi : J’applique donc.
Je cherche aussi ce que veut dire Wim Hof ? en anglais ? Ridicule ! C’est le nom d’un néerlandais dit « l’homme de glace », qui atteint des performances par des températures extrêmes. Le principe est, par une respiration spécifique, de contrôler consciemment son système nerveux autonome, pour créer, sur commande, un état physique, mental et émotionnel dont on a besoin pour être exposé au froid …mais bien plus largement, dans son quotidien
Parmi les grands objectifs de l’expérience selon Alex :
Agrandir ma zone de confort jusqu’à devenir mentalement invincible par ce défi
Le relever par la maitrise de mon corps et de mon mental
Me (re)connecter à moi-même et aux autres en me surprenant par mes capacités
Il me vend du rêve !
J’entends : contrôler mon corps, me dépasser, apprendre à gérer ma peur, me relâcher, accepter. Autant d’aspects qui me passionnent depuis toujours.
J’imagine aussi, une nouvelle façon de m’amuser avec d’autres fous, sans prise de tête, ni dossard ou classement, voire de me préparer à ma randonnée sur les glaciers de Patagonie en février prochain.
Ainsi, je me retrouve un vendredi soir de janvier 2024 sur le parking de la Porte d’Espagne à Cauterets dans les Pyrénées (65), après 9 heures de route en covoiturage avec l’un des participants. Il a déjà expérimenté cette aventure. Son enthousiasme est communicatif !
Je découvre enfin Alex qui n’était jusqu’ici qu’une voix lors des visios « inspiiiiiiiiiire / expiiiiire ». Il est en short/T-shirt dans la neige à la tombée du jour. Quand nous, les 11 participants (3 filles et 8 garçons), nous ne quittons pas (encore) nos doudounes. Il n’a pas le gabarit Rambo, plutôt poids mouche d’où ressort une force tranquille derrière un immense sourire empathique. Je garde en mémoire ses mollets façon Popeye, leurs muscles vigoureux dépassant de ses chaussettes, et traçant le chemin enneigé vers nos spots d’aventures
Le WE est une succession de moments forts, sur le plan physique assez prévisibles, mais surtout sur le plan humain : monumentale surprise !
Tout y contribue. Alex manie l’art du chaud et du froid. Jamais de programme annoncé. Il sème le doute et donne habillement des fausses pistes ! Leitmotiv : lâcher-prise ! Trouver du confort dans l’incertitude et l’inconnu. Agir sans repères. La confiance est là.
Quand il dit « mets ton maillot de bain ». Tu ne sais pas à quel moment, ni où, tu devras « mouiller le maillot ». Pour être honnête, j’avais pris le temps de visionner des vidéos pour tenter d’illustrer ce qui m’attend !
Amis lecteurs, comme mes proches, vous attendez les réponses à : « Comment tu as fait ? »
L’écoute d’Alex de nos réactions, l’écoute mutuelle entre les participants, l’écoute des réactions de mon propre corps, toutes ces connexions, ont contribué à ce que chacun parvienne à réaliser chaque défi. Chacun se réjouit du challenge de l’autre. Enrobé ou fit, jeune ou moins jeune, fille ou garçon, nous sommes tous unis pour partager ces heures uniques qui se déroulent trop vite.
Un seul moment d’environ ¼ heure, je me suis laissée déconcentrer et permis au froid de prendre le dessus sur mon mental. Je retourne au refuge, trop confiante de mon confort dans ma résistance au froid. Je rentre en gardant ma brassière mouillée et bien froide. Le stress tente de m’envahir. Je reprends une respiration volontaire et profonde, et mesure mieux combien la « réussite », l’accès à la maitrise du corps, résulte de celle de mon mental.
Les images parlent d’elle-même. Mais au final, ce n’est pas cette succession de challenges qui m’a marquée, mais bien la richesse et la sincérité des échanges qui ont entrecoupé ce WE
Entre les séances de respiration Wim Hof à l’intérieur, chacun, individuellement et collectivement, s’est livré à des réflexions et des confidences, dans un vrai lâcher-prise.
Je préfère commencer par : Qu’ai-je fait ?
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Sortir du refuge douillet au lever du jour, en brassière et short-jupette (torse nu pour les garçons) avec seulement : chaussures de marche/chaussettes, gants et bonnet.
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Ne plus quitter cet accoutrement à l’extérieur, qui surprend les skieurs du week-end.
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Marcher dans la poudreuse et randonner jusqu’au Lac de Gaube à 1725 mètres.
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Se laisser tomber sur le dos dans la neige molle et recevoir une couche supplémentaire des mains expertes d’Alex, style « coucou, je ne te vois plus », sous le contrôle de sa voix toute aussi enveloppante qui guide ma respiration.
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Recevoir une bataille de boules de neige des copains en cercle autour de ma cible, et me venger ensuite tout autant sur eux. Et en rire : rire tellement !
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Se glisser, de nuit, dans les eaux froides d’un ruisseau et apprécier le moment de grâce
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Rentrer dans l’eau glacée d’un lac gelé après qu’Alex y ait fait un joli trou carré (pourquoi pas rond ?) à la tronçonneuse (c’est pour ça !). Il m’a pris le délire de vouloir présenter mon dos au soleil, à l’opposé dudit trou. Ce qui m’a valu de nager un peu pour y parvenir, tout en repoussant les blocs de glace en formation.
Puis vous raconter : Comment ai-je fait ?
Mes partenaires savaient-ils que nous vivrions ces phases d’introspection ? Moi pas !
Je pense pouvoir jurer que personne n’a triché malgré l’inconfort de ne pas être préparé. Impudeur ? Timidité ? La confiance et le plaisir du partage sincère sont facilités par la mise en situation bienveillante d’Alex. En retrait, il est toujours présent pour soutenir chacun. Nous grandissons ensemble et individuellement.
Combien de rigolades aussi !
Dans le dortoir des ronfleurs où je suis au début. Chacun y exprime ses appréhensions, tout en riant plus ou moins jaune pour conjurer ses peurs.
. A la première sortie, quand nous constatons nos peaux rougies de froid et presque indolores.
. Dans la forêt, à la croisée de randonneurs qui regardent ces fous en maillots de bain
. La tronçonneuse qui dépasse du sac à dos d’Alex. Sa hache aussi : pas mal non plus !
. Au sortir du lac quand les garçons rient de leurs bistouquettes congelées
. Toutes les plaisanteries enjolivées par les accents chantants des gars du sud-ouest
. Mon ridicule dans la descente en forêt, avec une jolie glissade amortie par le sac à dos
Et mon âge dans tout ça ? Parfois j’y pense … souvent j’oublie !
. Il m’offre du recul pour mesurer mes forces et faiblesses et comprendre que la fonte de mes muscles est aussi vraie que mon goût des autres et des défis avec les autres.
. Mon sac à dos est vidé de difficultés que certains ont encore à vivre. Libre à moi de continuer de le remplir de rêves, de rires … et de défis.
. Côté girly, mieux vaut prévoir une bonne crème hydratante car la peau prend cher en dessous de 0°. Qu’importent les rides, même de lionne, si elles se comblent de belles rencontres.
. Les défis m’ont appris l’humilité et l’envie d’inspirer d’autres femmes à oser leurs rêves.
. Être septuagénaire n’est pas un obstacle pour continuer d’aimer vivre et savoir s’entourer des belles personnes avec discernement.
Au bout de ce chemin glacé et pourtant si chaleureux !
Je suis partie avec une angine, disparue dès la première sortie !
Alex a raison. Nous avons tous, des territoires à explorer qui nous font grandir.
Les aborder avec enthousiasme conforte la confiance en soi, et plus largement en la vie et ses occasions de tisser des liens.
J’ai brisé mon tabou du froid, me suis accordée une fierté intérieure, sans médaille ni chrono, en m’ouvrant à ce nouvel horizon et ses interférences avec les autres.
Je n’ai pas eu peur et fait un gros plein de joyeux moments, de rires complices et de temps d’introspection, sans jugement ni complexe.
A ceux qui martèlent que je prends des risques. Tout est « Under control », et finalement si raisonnable d’écouter mon corps et mon mental. A ceux qui me parlent d’exploit : je lui préfère le terme d’expérience.
Au jeu des familles « #défi », j’avais en main la marathonienne, la centbornarde, l’ultratraileuse. J’ai pioché celle des Givrés, presque par surprise, mais avec d’émotion et reconnaissance. Merci à la solidarité de mes partenaires de jeux. Merci au talent d’Alex COURTES de savoir fédérer et nous faire grandir ensemble.
« Il n’y a donc pas d’âge pour être capable de bien plus que l’on pense ! »
Je suis une Mamie « baroudeuse » et heureuse, après un vrai shoot de curiosité !
Alex m’a permis d’illustrer mon mantra : « Aimer faire ce que je ne sais pas faire »
« Libérée Délivrée ... Le froid est pour moi le prix de la liberté … disait la Reine des Neiges ! »
Et tant mieux si je suis « Givrée ».
Laissez-vous tenter par cette expérience, sans attendre 72 ans !